Cancer du sein : le dépistage organisé dès 45 ans ?

Malgré un pronostic généralement favorable lorsqu’il est diagnostiqué précocement, le cancer du sein voit son incidence progresser de manière préoccupante ces dernières années. En 2023, plus de 60 000 nouveaux cas ont été recensés en France. La méthode de dépistage actuelle, axée sur la mammographie biannuelle, montre ses limites, car toutes les femmes ne présentent pas le même niveau de risque. C’est pourquoi la communauté scientifique se penche sur la possibilité de développer une stratégie de prévention sur mesure.

Nécessité de réévaluer la stratégie de dépistage

Le dépistage joue un rôle crucial dans la lutte contre le cancer du sein. Il permet d’identifier précocement toute anomalie ou un cancer latent avant même que les symptômes n’apparaissent, et ainsi, d’offrir des chances de guérison considérablement accrues.

Malheureusement, seulement 47,7 % des femmes âgées de 50 à 74 ans ont eu recours à la mammographie en 2021-2022, selon Santé Publique France.

Cependant, il est important de prendre en compte celles qui font un dépistage de leur propre initiative.Au final, la couverture totale avoisinerait les 80 %, ce qui est loin d’être négligeable,

Estime Brigitte Séradour, radiologue et ancienne présidente de la société française de sénologie.

Pourtant, alors que les femmes plus jeunes sont de plus en plus atteintes de cancer, une éventuelle remise en question de l’âge auquel le dépistage doit commencer ne semble pas mobiliser grand-monde. L’année précédente, la Commission européenne a préconisé d’abaisser à 45 ans celui à partir duquel les femmes peuvent participer à un dépistage organisé dans l’UE.

À noter que l’assurance santé prend en charge tous les traitements liés au cancer du sein.

Vers une approche individualisée ?

Aux États-Unis, un organisme influent en matière de recommandations de santé publique a annoncé en mai dernier que « la première séance de mammographie devrait se dérouler dès l’âge de 40 ans, au lieu d’attendre 50 ans ».

Cependant, cette proposition soulève des inquiétudes, car à mesure que l’âge diminue, le risque d’exposition aux rayonnements augmente,

Affirme Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer. Or, une irradiation excessive par les rayons X peut potentiellement accroître le risque de cancer. Une autre éventualité importante à considérer est l’identification d’une anomalie lors de la mammographie qui, en réalité, ne se transformera jamais en un véritable cancer du sein. Claude Coutier, présidente du collectif Triplettes roses,

Souligne que l’abaissement de l’âge de dépistage à 40 ans n’est pas une solution miracle au problème, car il exclut les femmes qui s’en abstiennent à 50 ans, et celles confrontées à un cancer du sein triple négatif avant leur quarantaine. 

Pour rappel, cette forme particulièrement agressive de la maladie se déclare chaque année chez 9 000 patientes, parmi lesquelles seules 60 % ont passé le cap des 40 ans. Au lieu de se focaliser sur l’âge, une autre proposition émerge concernant un dépistage basé sur le risque individuel de chaque femme. Il fait déjà l’objet d’une expérimentation par une étude clinique internationale financée par l’Union européenne qui a pour objectif d’évaluer l’efficacité et la viabilité d’un dépistage personnalisé.

À retenir

• Face à une tendance alarmante à la hausse des cas de cancer du sein, il est crucial de mettre en place une stratégie pour détecter au plus tôt cette maladie.

• Dans ce cadre, la Commission européenne propose d’abaisser l’âge du dépistage à 45 ans au lieu de 50 ans.

• Une autre proposition émerge, qui prévoit de repenser le dépistage et d’adopter l’approche individualisée.