Endométriose : les recherches sur le diagnostic et le traitement s’accélèrent

Bien qu’elle ait été découverte il y a des siècles, l’endométriose n’a pas bénéficié de la même attention que d’autres maladies. Mais au cours de la dernière décennie, un regain d’intérêt pour cette pathologie gynécologique touchant une femme menstruée sur dix est observé, notamment grâce aux progrès de la médecine. Le point sur quatre évolutions majeures susceptibles de révolutionner prochainement la prise en charge des patientes.

Un test salivaire pour confirmer le diagnostic

L’endométriose est difficile à diagnostiquer sans une intervention chirurgicale (cœlioscopie). Jusqu’ici, aucun test ni examen n’a permis d’établir avec certitude un diagnostic chez les femmes qui en souffrent.

Toutefois, une lueur d’espoir émane d’une collaboration entre médecins, chercheurs et ingénieurs français qui ont développé un nouveau test, capable d’analyser 109 microARN dans un simple échantillon de salive.

Celui-ci pourrait identifier la maladie dans 96,2 % des cas, avec un faible taux de 4,9 % de faux positifs.

D’après le Pr Philippe Descamps, à la tête du service de gynécologie obstétrique du CHU d’Angers, l’un des acteurs clés de cette recherche,

La Haute Autorité de santé va bientôt se prononcer sur le remboursement ou non de ce test par la Caisse d’assurance maladie, et éventuellement, par les organismes de complémentaire santé.

La compréhension de cette maladie complexe, aux origines multiples, contribue également à sa détection précoce afin d’améliorer son traitement. Ainsi, neuf études d’envergure ont été menées pour mettre en lumière ses causes.

Si les facteurs génétiques sont évidents, les chercheurs ont aussi identifié un lien avec d’autres troubles inflammatoires et syndromes douloureux, tels que l’asthme, la migraine, le mal de dos chronique, etc.

Un traitement non hormonal et par antibiotique

De nouvelles avancées pourraient améliorer le traitement contre l’endométriose qui est plutôt limité à ce jour. Dans le cadre d’un essai clinique au Royaume-Uni, le dichloroacétate est étudié pour évaluer sa capacité à soulager les douleurs liées à la maladie.

Des recherches sur des souris, publiées dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS), ont révélé que cette molécule a le potentiel de limiter l’accumulation de lactate présente dans les cellules de la paroi pelvienne des patientes souffrant d’endométriose.

Par ailleurs, en juin dernier, une équipe de scientifiques japonais a observé la présence d’une bactérie, Fusobacterium, chez la majorité des patientes en analysant des échantillons d’endomètre, de lésions d’endométriose et de tissus sains.

Si l’injection de cette bactérie chez des souris malades a exacerbé les lésions, un traitement antibiotique combinant métronidazole et chloramphénicol a permis d’atténuer significativement les symptômes.

Bien que ces résultats soient encourageants, ils demeurent à un stade expérimental, et des études supplémentaires seront nécessaires pour confirmer le rôle de cette bactérie et l’efficacité de l’antibiothérapie chez l’humain.

À retenir

• L’endométriose est une pathologie gynécologique qui concerne une femme menstruée sur dix.
• Les recherches se sont intensifiées ces dix dernières années pour comprendre les causes de cette maladie.
• Un test salivaire a été développé permettant de diagnostiquer de manière rapide et indolore l’endométriose.
• L’utilisation du dichloroacétate pour traiter les douleurs est en phase d’expérimentation au Royaume-Uni.
• Un traitement par antibiotique testé sur des souris a démontré des effets positifs avec une régression des lésions internes.