Coqueluche : une maladie qui gagne du terrain en France

À travers son centre national de référence (CNR) pour la coqueluche, l’Institut Pasteur a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la résurgence de cette maladie. En France, 5 854 cas ont été recensés au cours des cinq premiers mois de 2024, contre « seulement » 495 à la même période de l’année dernière. Santé publique France avait déjà signalé cette recrudescence en avril. Ce phénomène semble également observé en Europe ainsi que dans le reste du monde.

Un rebond alarmant

La coqueluche est une maladie infectieuse qui provoque une toux prolongée.

Elle suit des cycles épidémiques et cette année, le pic a été atteint, explique Jean Sarlangue, pédiatre et infectiologue au CHU de Bordeaux.

Il a ajouté que même si cette année est atypique, elle n’est pas désastreus».

De son côté, le CNR rappelle que « cette maladie évolue selon un schéma cyclique de trois à cinq ans ». Les derniers pics ont été observés entre 2012-2013 et 2017-2019. Bien que cette nouvelle flambée de cas fût prévisible, son intensité est particulièrement remarquable.

Le docteur Jean Sarlangue suppose que la différence marquée entre 2023 et 2024 pourrait être attribuée aux mesures de prévention prises durant l’épidémie de Covid-19.

Les gestes barrières ont été efficaces contre de nombreuses infections respiratoires et auraient alors pu retarder la propagation de la coqueluche. Ce qui avait créé un décalage dans l’apparition des nouveaux cas.

À noter : face à cette résurgence, les acteurs de l’assurance santé ont un rôle important à jouer dans la sensibilisation et l’information des populations sur les risques et les moyens de prévention. Ils peuvent également contribuer à améliorer l’accès aux soins et à la prise en charge des patients atteints de cette maladie.

Une menace pour tous, même les adultes

Le CNR souligne : Bien que les vaccins contre la coqueluche soient efficaces, l’immunité s’affaiblit avec le temps, ce qui nécessite des rappels réguliers.

Les femmes enceintes devraient être vaccinées entre la 20e et la 36e semaine de grossesse pour protéger leurs progénitures avant leur première vaccination à deux mois. Cette mesure permet de prévenir la transmission de la mère à l’enfant et de lui fournir des anticorps avant qu’il ne soit vacciné.

En France, le taux de vaccination des adultes, des personnes âgées et des femmes enceintes reste encore faible. Le docteur Jean Sarlangue insiste sur l’importance de se faire vacciner pour assurer la protection des nourrissons vulnérables. Il recommande également la prise d’antibiotiques en cas de symptômes pour éviter de contaminer les autres.

La transmission de la coqueluche par un membre de la famille est un événement grave pouvant entraîner l’hospitalisation de trois semaines ou même le décès d’un nourrisson.

Le pédiatre précise toutefois que la mortalité liée à cette infection reste très minime, avec moins de dix décès par an.

Cette maladie extrêmement contagieuse ne concerne pas uniquement les enfants. Il est important de vérifier la coqueluche chez un adulte qui tousse depuis une semaine, ce qui représente environ 20 % des cas suspects. La toux peut alors persister pendant un ou deux mois, surtout la nuit, et perturber considérablement la vie quotidienne.

À retenir

• Le centre national de référence (CNR) de la coqueluche à l’Institut Pasteur a signalé une augmentation alarmante des cas sur les cinq premiers mois de 2024 par rapport à la même période de 2023.
• Si ce rebond était attendu, l’intensité du pic épidémique actuel est néanmoins exceptionnelle.
• Cette maladie contagieuse constitue une menace sérieuse pour tous, aussi bien pour les nourrissons que les adultes.